par Pr. Rémy GUILLEVIN
L’emploi d’une IRM peropératoire en neurochirurgie a débuté dans les années 2000. Elle permet une résection maximale, dès la première opération, des lésions tumorales cérébrales et notamment des gliomes de bas grade.
Le Professeur Guillevin intervient afin de mettre en évidence les enjeux et les contraintes de mise en place de cette modalité.
L’IRM peropératoire se positionne en interface avec le bloc opératoire. Souvent, elle se présente sous la forme de deux salles contigües, comme au CHU de Poitiers où le bloc opératoire et la salle d’examen IRM communiquent via un sas. L’enjeu de cette installation est la réalisation d’images peropératoires dans une fenêtre de 15 minutes, afin de détecter les éventuels reliquats tumoraux et d’éviter au patient une nouvelle opération psychologiquement et physiquement éprouvante.
Dans le cadre de la chirurgie éveillée, le chirurgien monitore la zone de résection à l’aide d’électrodes afin de s’assurer qu’il peut enlever du parenchyme sans créer de lésions : tant qu’il ne trouve pas de zones éloquentes, il va réséquer (résection dite « supra complète »). La chirurgie éveillée, couplée à une IRM peropératoire avec fusion-recalage, sur une cartographie des zones chaudes d’activités tumorales rétablie en pré-opératoire, va permettre une résection maximale à un taux de reprise du patient très faible, contrairement au cas de chirurgie sans réveil peropératoire. Cette procédure permet donc d’éviter une IRM post-opératoire immédiate faisant partie du standard de soins.
L’utilisation de cette modalité présente de nombreux avantages à prendre en compte pour l’exérèse des gliomes, mais l’installation n’en est pas moins compliquée. Au CHU de Poitiers, le choix de dédier une salle à l’IRM fût justifié par le besoin d’une utilisation double : activité normale et peropératoire. Cette double activité demande des besoins spécifiques dont un flux laminaire permettant le basculement d’un environnement ISO 7 ou 8 en activité normale, à un environnement ISO 5 requis par une activité de bloc opératoire. Enfin, la table d’opération est déclipsable et amagnétique, permettant ainsi de réaliser l’examen d’imagerie sur cette même table.
Malgré les contraintes d’installation, l’utilisation d’une IRM peropératoire apporte une meilleure efficience aux actes d’exérèse en neurochirurgie et pourrait prochainement être exportée à d’autres domaines chirurgicaux.