Par Jean-Claude GRANRY
Professeur, CHU Angers
La pratique de la simulation dans le domaine de la santé connaît un essor remarquable ces dernières années. Cette méthode pédagogique est d’ores et déjà utilisée dans de nombreux milieux à risques tels que l’aéronautique, le nucléaire ou l’armée. Son histoire n’est pas récente puisque que dès le XVIIIème siècle, Mme de Coudray enseignait l’art de l’accouchement à l’aide de mannequins. Pendant 25 ans, elle a sillonné la France pour dispenser son savoir permettant de sauver un grand nombre de nouveaux-nés et de mères. En France, c’est seulement dans les années 2010 que des documents concernant la simulation en santé ont vu le jour. Les instances nationales telles que l’HAS, la DGOS ou encore la DGS ont commencé à soutenir cette pratique à travers des publications (guide des bonnes pratiques de simulation en santé, guide pour l’évaluation des infrastructures de simulation en santé…)
Deux formules reflétant la philosophie de la simulation sont utilisées : « Jamais la première fois sur le patient » et « On peut et on doit toujours faire mieux la première fois ». Par définition, le terme de simulation en santé correspond à l’utilisation d’un matériel, de réalité virtuelle ou d’un patient standardisé, afin de reproduire des situations ou des environnements de soins. Le but est d’enseigner des procédures diagnostiques ou thérapeutiques et de répéter des processus, des situations cliniques ou des prises de décisions par une équipe de santé. Les techniques de simulation utilisées sont de trois grands types : la simulation synthétique avec des mannequins, la simulation « humaine » ou relationnelle faisant appel à des acteurs (exemple des consultations d’annonces simulées), et la simulation numérique, regroupant en particulier les jeux sérieux, la réalité virtuelle et la réalité augmentée.
La pratique de la simulation doit permettre d’approfondir ses compétences et d’en être un outil de validation. Elle présente de multiples intérêts, tels qu’améliorer la formation, gérer les risques ou encore diminuer le nombre d’évènements indésirables. Les enjeux sont nombreux puisqu’ils sont aussi bien politiques, financiers ou pédagogiques. Ainsi, la simulation en santé ne peut que contribuer au bien-être du patient et du soignant.