par Jacques KERDRAON Centre Mutualiste de Rééducation et de Réadaptation Fonctionnelle (CMRRF) de Kerpape
Chaque année en France, environ 1 000 personnes subissent des lésions neurologiques affectant à différents degrés leur capacité de marche.
Le centre de Kerpape, situé à Plœmeur, a inauguré l’usage des exosquelettes pour les Hommes suppléés en 2012. Trois questions se posent aujourd’hui afin de se situer vis à-vis de l’homme suppléé : pour qui ? pour quoi ? et comment ?
Les lésions médullaires sont assez fréquentes chez les jeunes adultes, provoquant des déficiences majeures. Dans 40% des cas, elles entraînent des paraplégies et ne permettent pas à ces personnes l’accès à la déambulation érigée et à la verticalisation. Un score AIS (American Injury Spinal cord), basé sur la position et le degré de la lésion, est attribué aux patients dès leur arrivée au centre de rééducation et permet ainsi de fournir rapidement un pronostic de marche. La perte de la marche est la déficience la plus difficile à compenser, apportant une forte pression dans le processus de soins. Les patients sont à cet effet conscients qu’ils n’auront jamais la possibilité de récupérer une marche totalement normale. Cependant, ils souhaitent avoir recours à des méthodes conservatrices utilisant des techniques supplétives comme les exosquelettes.
L’exosquelette possède un objectif thérapeutique, de réadaptation et de suppléance. Il s’agit de recréer la marche en jouant sur la plasticité ou de restituer une motricité résiduelle. De nombreux facteurs sont à prendre en compte dans le choix du dispositif utilisé comme l’autonomie, le coût énergétique mais aussi l’acceptabilité par le patient. Deux approches d’amélioration de la marche existent : une plateforme fixe et modulable telle que le Lokomat et un dispositif mobile, l’exosquelette, permettant notamment une auto-rééducation. Des études menées sur un panel hétérogène de patients a permis de montrer qu’à la fin de l’essai, 76% d’entre eux parvenaient à marcher de nouveau. La récupération de la marche pourra aussi présenter un intérêt thérapeutique dans la préservation des fonctions urinaire et digestive ainsi que dans la diminution des douleurs et des risques cardiovasculaires.
Les exosquelettes doivent viser à maintenir un état physiologique optimal après une lésion médullaire. Une future étude permettrait d’évaluer la réussite de ce programme après le retour au domicile du patient et de développer davantage cette pratique.