Dr. Alexandra MALGOYRE Chef de l’unité de physiologie de l’exercice et des activités en conditions extrêmes, Institut de Recherche Biomédicale desArmées (IRBA)
Le militaire est depuis toujours confronté à une contrainte forte : le port de charge, ne s’améliorant pas avec l’apparition de nouvelles technologies (protection balistique, systèmes de communication, etc.).
Ces équipements, qui améliorent les performances du combattant, l’alourdissent cependant.
Aussi, des exosquelettes souvent issus du développement de systèmes d’aide à la marche du patient handicapé, ont été adaptés pour faciliter le déplacement des soldats chargés. Ces systèmes amovibles ne visent pas à rendre possible le déplacement de charges dépassant les capacités physiques humaines, mais à économiser ses forces. Nous parlerons donc ici d’homme « optimisé » et non d’homme « augmenté ».
Le docteur. Malgoyre et son équipe ont mené une étude sur un Dermosquelette (DS) de la société B-Temia, un système robotisé externe de 8 kg, comportant deux attelles reliées au niveau de la taille et animées par un moteur de genou. Alors que ses fonctions primaires annoncées sont d’assister la personne au port de charges lourdes, de protéger ses articulations, de limiter l’impact de l’effort cardiaque ou encore de préserver son agilité, les résultats sont tout autres.
Réalisés tout d’abord en laboratoire sur un tapis roulant – avec des phases de marche plus ou moins rapides, à plat ou avec du dénivelé positif/négatif – les essais ont démontré un surcoût métabolique du déplacement de 5 à 15% en moyenne avec le DS, pénalisant surtout à faible vitesse et en descente. De plus, la fatigue ressentie en fin de marche est plus importante avec le système. La pénibilité est constamment plus élevée et le nombre de zones douloureuses est significativement plus important avec cette solution.
Au cours du test de puissance du combattant sur le terrain, l’ensemble des obstacles ont pu être franchis avec le DS malgré un temps de parcours majoré de 20%, lié au surpoids généré par le système au niveau des membres inférieurs.
Malgré certains aspects positifs (assistance à la marche en pente positive ou lors de la remontée des positions de tir), ce système reste à ce stade de développement trop contraignant par rapport à l’aide apportée. Trop lourd, pas assez autonome et ne déchargeant pas la ceinture scapulaire, cette forme de DS tend à évoluer vers un système passif, au niveau du tendon d’Achille, ou vers une solution de transfert de charges de la ceinture scapulaire au bassin.