par Dr. Eric PANTERA Médecin Chef du CMPR de Pionsat, Médecine Physique et Réadaptation
Cet état de l’art ne fait mention que des exosquelettes présents en milieu de rééducation. Nous nous situons ainsi plus au niveau de l’homme suppléé que de l’homme augmenté.
Il existe deux possibilités de rééducation : l’utilisation de systèmes fonctionnels ou de rééducation. Le choix s’est orienté vers les exosquelettes fonctionnels qui permettent de restaurer les fonctions motrices. La justification scientifique porte initialement sur la prise en charge de blessés médullaires (paraplégiques ou tétraplégiques) car la perte de la station debout est à l’origine de déficiences et d’incapacités qui impacteront à la fois le niveau physique et psychique. Un patient paraplégique d’atteinte médullaire peut par exemple encourir différentes complications du décubitus comme le risque cutanéo-trophique, des troubles digestifs et urinaires, une diminution des capacités cardio-respiratoires et des troubles vésico-sphinctériens. Ces complications, causées par l’alitement prolongé des patients, sont donc nombreuses et d’autant plus à prendre en considération lorsque l’on a connaissance de l’incidence de personnes d’atteinte médullaire en France (19 nouveaux cas par million d’habitant chaque année).
L’utilisation d’un exosquelette paraît donc être une solution efficace, répondant à la recommandation de verticalisation progressive du patient. Cependant, aucune étude scientifique n’a été réalisée pour démontrer les bienfaits de la position verticale sur un patient souffrant de lésions médullaires. De plus, l’utilisation d’orthèses dites passives impacte le système cardiovasculaire en augmentant la fréquence respiratoire de 70% et la fréquence cardiaque à 156 battements par minute en moyenne. La consommation énergétique est également 8 fois plus importante que celle d’une marche physiologique.
Néanmoins, la littérature recommande de verticaliser les patients voire même d’essayer de les faire remarcher. En l’absence de biofeedback, de la non-libération des membres supérieurs et de la consommation énergétique, beaucoup de patients abandonnent (65%). Cependant, 50% souhaitent réessayer avec un dispositif plus adapté. On dénombre, à ce jour, 9 exosquelettes : Rewalk, Indego, Esko, Cyberdyne, Rex, Robin, Mina, WPAL et ATALANTE. Seul ce dernier, un prototype non commercialisé, permet de libérer les membres supérieurs et fait actuellement l’objet d’une étude clinique au sein du CMPR de Pionsat.