Professeur HABRAND – Centre de Lutte contre le Cancer François Baclesse – Caen – 2013
On recense actuellement près de 200 000 actes nécessaires en radiothérapie pour traiter 350 000 patients atteints de cancer. Les études statistiques prévoient qu’en 2020 les nouveaux cas de cancer auront augmenté d’environ 50%. Pour faire face, les armes actuelles sont diverses : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblées, etc. La radiothérapie est utilisée dans près d’un cas sur deux, ce qui fait d’elle la deuxième contributrice de guérison. La révolution technologique et informatique des vingt dernières années a permis la mise au point d’une nouvelle technique thérapeutique : l’hadronthérapie. Les hadrons font partie de la famille des particules lourdes chargées en radiothérapie, dont les protons ont été les plus étudiés à ce jour. Cette technique innovante, qui est basée sur l’accélération de protons, permet une distribution très originale de la dose. Pour accélérer ces particules lourdes, on utilise un cyclotron.
La dose est déposée de manière précise et localisée (pic de Bragg) ce qui permet de limiter l’exposition des tissus sains aux alentours de la zone traitée. Cette technique est principalement utilisée pour le traitement des tumeurs de petite taille, mais il est néanmoins possible d’élargir le plateau du pic de Bragg et de s’adapter à la taille de la tumeur. Cette technique peut ainsi être utilisée en ophtalmologie, en neuro-oncologie (tumeurs de la base du crâne) avec des taux de survie excellents à dix ans et dans le traitement des enfants, où le but est surtout de les protéger des séquelles de l’irradiation, potentiellement très marquées à cet âge de la vie.
Des recherches sont actuellement menées pour utiliser de nouveaux types de particules (ions carbone) plus actives sur les tumeurs très radiorésistantes (sarcomes, mélanomes muqueux) ou très hypoxiques (tumeurs de grand volume), et bénéficiant de la même protection des tissus environnants.
En France, il existe actuellement deux centres majeurs de proton-thérapie ; le premier, à Orsay, spécialisé dans les tumeurs profondes grâce à une gantry rotative tournant autour du patient et le second, à Nice, spécialisé dans le traitement des cancers de l’œil. Il existe huit autres projets français d’hadronthérapie par protons, ainsi que deux projets par ions carbone.