par Pr. Benjamin DREVETON Professeur des universités, IAE de Poitiers, Directeur du CEREGE
Comme le souligne le déploiement de la T2A (Tarification à l’Activité), l’hôpital se trouve au cœur des réformes publiques.
Ces dernières transforment profondément la gestion financière de l’hôpital mais aussi son organisation et ses orientations stratégiques. Il est donc nécessaire d’analyser l’introduction des techniques de contrôle de gestion (qu’il s’agisse de calculs de coûts, de tableaux de bord ou d’indicateurs de performance) et leurs conséquences.
Ces outils de pilotage proviennent d’un courant de pensée néolibéral d’origine anglo saxonne nommé New Public Management. De façon simplifiée, il symbolise l’ensemble des réformes qui ont traversé les pays de l’OCDE à partir des années 1970. Celles-ci reposent sur le principe d’implanter au sein des organisations publiques des outils de gestion utilisés par les organismes privés. Ce principe génère une double dynamique, liée d’une part à l’implantation de la notion de performance. La démultiplication des outils de contrôle de gestion, dont la T2A, répond à cette ambition. D’autre part, elle consiste à élargir les réformes à l’ensemble de la sphère publique : l’État, les agences, les associations, les collectivités locales, la santé, l’hôpital ou encore la culture sont directement concernés.
Le déploiement de ces outils génère une controverse ; si des effets positifs sont constatés, des conséquences imprévues sont également observées. Pour sortir de cette controverse, il convient d’adopter une perspective historique. Cette dernière nous indique que l’organisation publique a aussi été un modèle, une inspiration et même un vecteur de modernisation de la gestion des organisations privées. Actuellement, les stratégies d’instrumentation du management relèvent du mimétisme : le déploiement d’outils de contrôle prend comme référence unique les organisations privées. Or, ce mimétisme se révèle être une rhétorique extrêmement limitée et dangereuse pouvant engendrer une dépublicisation des actions publiques.
Pour conclure, afin de dépasser le mythe de la rationalité initié par ces outils de pilotage de la performance, il conviendrait de penser et de mettre en œuvre une véritable ingénierie du management fondée sur l’innovation publique et non sur l’importation ou l’adaptation de modèles préexistants.